Reprendre racine

Le projet de réaménagement de la rue de la Poste propose de faire apparaître le contexte existant, la silhouette du paysage. Il s’appuie sur le paysage (vignobles en escaliers, montagnes) et le réseau des voies historiques (cheminements) comme points de repères, comme attaches immuables à la région, comme ancrage à travers le temps et les transformations du village de Vers l’Eglise.

Il ne s’agit pas de concevoir l’aménagement de la rue comme un décor supplémentaire, qui aurait tôt fait d’éloigner les usagers du contexte. Le projet offre l’opportunité d’ancrer la rue (et tout le quartier) dans le village et dans le paysage, de trouver et renforcer ses racines, ainsi que d’améliorer le confort et la sécurité de ses usagers, notamment des piétons et des cyclistes.

La rue de la Poste a longtemps constitué la limite sud du village. Au- jourd’hui, les repères sont flous, ils ont disparu, gommés par une route tracée au cordeau, parfaitement rectiligne et symétrique. La rue a les dimensions et la géométrie d’une avenue, elle est fortement imprégnée par le trafic et le stationnement, alors que son usage est résidentiel et qu’il s’agit d’un chemin important pour les écoliers. Son identité actuelle est routière (orientation, signalisation, marquage, etc.), elle peine à se définir entre la rue centrale, historique et commerçante de l’Eglise, et celle paysagée de la rue du Stade le long du canal. La substance du tissu est pourtant bien là, il s’agit de la considérer et de la laisser s’imposer pour guider le réaménagement de la rue.

L’objectif du projet « Reprendre racine » est le suivant :

En requalifiant la rue de la Poste, le projet atténue la profondeur et la linéarité de la perspective de la rue (assouplir l’axe en supprimant la centralité et la symétrie de la chaussée, créer des micro-espaces publics) en s’appuyant sur le réseau de rues et ruelles existantes qui s’y raccrochent. Ce réseau reliait déjà autrefois Vers-l’Eglise à La Fontaine. Ces passages et venelles sont le patrimoine du lieu, ils sont les racines. Souligner et valoriser leurs connexions à la rue de la Poste (par les usages et l’aménagement) permettra de redéfinir l’iden- tité et le caractère de cette dernière. Il s’agira également de porter une attention particulière au secteur de l’école, qui comporte des besoins accrus en termes de sécurité (traversées piétonnes, cheminements) et de qualité des espaces.

«Avant 1915, seules les ruelles – les dérupes, raidillons où le pied dé- rape – reliaient ces deux villages. Elles se rejoignaient dans la châtai- gneraie, qui semble avoir eu plusieurs carrefours, dont la Croisée des Cartes et le Saloz (et peut-être d’autres, que les ravines ont déplacés ou effacés) et se terminaient à quelques mètres au-dessus du niveau de la plaine. La ruelle de l’Eglise était la ruelle principale, mentionnée sur les cartes elle longeait l’église et son cimetière (les ruelles du Mont et de la Croisée, dites ; ruelle du Mazot Blanc, ruelle des Chats). La Poya de Plaquet, un étroit chemin creux encadré de murgères faisant un couloir bien pratique pour mener le bétail de la plaine à la châtai- gneraie (les ruelles de la Voûte, du Mazot Blanc, de la Croix et de la Châtaigneraie). Elle comportait de grands bassins au début et à la fin de la route de La Fontaine, en vis-à-vis des croix.»